Notre vie à quatre. Journal. Jeudi 27 octobre 2016. Jour 13
Nous nous sommes juste croisés quelques secondes depuis que tu nous as punis, humiliés. Je ne vous ai pas entendu
Notre vie à quatre. Journal. Jeudi 27 octobre 2016. Jour 13
Nous nous sommes juste croisés quelques secondes depuis que tu nous as punis, humiliés. Je ne vous ai pas entendu rentrer Carine et toi hier soir et ce matin je suis parti bosser avant que tu te sois levée. Ce n’est que ce soir, alors que nous allions partir, Alexia et moi, que nous t’avons vu, rentrer alors que nous sortions de la maison. Tu nous as simplement souhaité une bonne soirée. Je ne sais pas si c’était ironique. Carine n’a guère été plus bavarde pendant que nous nous préparions.
Nous ne disons quasi rien sur la route. J’ai peur pour Alexia. Et elle a le visage fermé. Je sais qu’elle culpabilise pour l’autre soir mais au final j’ai désobéi comme elle. Je la dépose à l’adresse prévue avec en guise d’encouragement un timide petit signe de la main. Elle sait que je ne maitrise rien. Je repars et rejoins le Maria Cristina. Manteau long, costume et chaussures italiens, cravate de grande marque, j’ai l’air d’un client d’affaires comme un autre. Je n’ai pas besoin de m’arrêter dans le hall et arrivé à l’ascenseur le groom me reconnait: «El Senor Jones de nuevo ? » « Si. Gracias ».
Je frappe à la porte. C’est Nadia qui m’ouvre. Elle est en noir ce soir, toujours dans une robe un peu trop courte, un peu trop vulgaire pour sa quarantaine bien avancée. Elle a rangé ses longues boucles blondes dans un chignon très tiré en arrière. Son sourire de magazine resplendit. « Darling, he’s here! » lance-t-elle en direction de James. « Tu es à l’heure c’est parfait ». Elle prend mon manteau et me fait signe d’avancer vers le salon.
Comme il y a deux jours du champagne nous attend. Je m’assois. J’entends la voix de James provenant de la salle de bains : « Have a drink, I’ll be here in 2 minutes ». Nadia nous sert deux coupes, m’en tend une. Nerveux, j’essaie de cacher ma gêne : « Alexia ne vous a pas plu ? ». « Oh pas du tout ! Mais on nous a dit qu’elle n’était pas libre ce soir. Et comme c’est notre dernière nuit ici nous n’avions pas le choix. » « Oh je comprends. ». Nous trinquons.
Je regarde les lumières de la ville à travers la vaste baie vitrée. Je pense à Alexia. Espérant que sa soirée ne se passe pas trop mal. C’est James qui me sort de ma courte rêverie. « Bonsoir Camille ! Content de te revoir ! ». Sa femme lui donne déjà un verre et il s’assoit à côté d’elle, impeccable dans un costume gris clair. Il pose sa main sur la cuisse de Nadia et se tourne vers moi. « Nous rentrons demain à New York et nous ne voulions pas quitter ce bel endroit sans nous amuser une dernière fois. » J’acquiesce de la tête.
Il continue sourire aux lèvres, « Max nous a averti que tu serais seul mais on a dit OK tout de même. ». Je tombe des nues: « Max ?!! ». « oui Max, c’est bien lui qui t’envoies non ? Il a un autre nom ? » Je sens de l’inquiétude chez James et j’essaie de cacher ma surprise en inventant la première excuse qui me vient à l’esprit: « Oh oui, Max ! Excusez-moi mais on l’appelle tous le Viking ! ». Nadia éclate de rire. « Oh oui, ça lui va parfaitement !! ». Je souffle, heureux que mon improvisation ait fait mouche. Mais je reste un instant sous le choc…
Max ! Tu nous as donc menti. Il est toujours dans la région et je comprends alors qu’il a pris l’ascendant sur Tony et surtout sur toi… comme autrefois. Ton attitude des derniers jours s’explique subitement. Et j’ai soudain honte. Car en ne t’obéissant pas tu as dû à nouveau subir sa colère…
Oh Margot, tu n’as pas été sévère mais en fait bien clémente avec nous ! Tout se bouscule dans ma tête. Qui sont vraiment James et Nadia ? Pas des « amis de Tony » ça semble évident maintenant… et Alexia ? Elle est peut-être avec Tony mais Max doit aussi contrôler ce qu’il se passe là-bas. La pauvre que va-t-elle donc subir ?
James est en train de finir son verre. Je sais qu’ensuite on n’aura pas l’occasion de trop discuter… J’enchaîne de la manière la plus naturelle que mon état me le permet : « Vous connaissez Max depuis longtemps ? ». Le visage de James se ferme, j’espère ne pas avoir gaffé. Mais Nadia, peut être aidée par le champagne, répond du tac au tac : « Oh James et lui étaient en affaires, autrefois ! » Elle rougit de son audace. James la fusille du regard.
J’essaie de jouer la complicité « Oh je vois, bien sûr ! Vous le connaissez d’avant quoi ! ». Nadia pouffe un peu alors que James fronce un peu plus les sourcils. D’avant son passage par la case prison donc. James n’est pas forcément dans des affaires très légales… Visiblement énervé James pose sa coupe sur la table. « Bref, assez discuté ! Si nous passions dans la chambre ! »
La proposition ne suppose aucune contestation. Je me lève. « Oui bien sûr. Comme il vous plaira ». Nadia prend son mari par la main, murmure à son oreille, j’imagine pour s’excuser de sa conduite. Puis James se dirige vers la porte de la chambre, l’ouvre et nous fait entrer, Nadia d’abord, puis moi, avant de refermer derrière lui. Après que tu l’ais fait deux fois pour moi et Alex, je sens que je vais devoir me sacrifier pour toi, pour nous.
à suivre…
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