Notre vie à quatre. Journal. Vendredi 28 octobre 2016. Jour 14
Deux semaines que tu es là. Et j’ai l’impression que cela fait deux ans. Notre vie est tellement chamboulée !
Notre vie à quatre. Journal. Vendredi 28 octobre 2016. Jour 14
Deux semaines que tu es là. Et j’ai l’impression que cela fait deux ans. Notre vie est tellement chamboulée ! Quand elle est rentrée la nuit dernière Alexia m’a raconté son calvaire avec Tony. Je lui ai fait part de mes découvertes.
Nous avons alors décidé de mettre les choses sur la table avec toi et Carine. Pour savoir exactement ce qu’il se passe de ton côté avec Max, quel rôle joue Tony et comment tu envisages l’avenir. Alexia et moi avons le même avis : L’important c’est notre vie à quatre et il n’a jamais été prévu que quiconque vienne s’ajouter à l’équation sans l’accord de tous. De ce côté-là, et même si nous comprenons ce qu’il peut y avoir derrière, nous t’en voulons.
Ce soir nous nous sommes retrouvés tous ensemble pour dîner. C’est donc le moment idéal. Je ne veux pas subir, pour une fois. Et je sais que tu me manipules si bien. Je passe donc à l’attaque dès que nous sommes tous les quatre autour de la table. « Max n’est pas rentré à Paris Margot, n’est-ce pas ? » Tu tournes la tête vers moi, j’ai l’impression que ton regard me transperce de part en part.
Je n’attends pas ta réponse. « Tu es notre Maîtresse, je l’assume pleinement. Mais il n’est pas mon Maître, à moins que ce soit ce que tu veuilles, vraiment. Mais dans ce cas tu dois nous le dire. » Carine fronce les sourcils, visiblement elle ne sait rien de la présence de Max, de son influence sur ce que nous venons de vivre. Je te sens hésiter.
Alors j’enchaîne. « Tu as surement voulu nous protéger en ne nous disant rien mais sais-tu vraiment ce qu’Alexia a subi hier ? C’est ça la protection que tu nous donnes ? Si tu veux vraiment nous pervertir, nous faire connaitre des outrages aussi forts, dis-le-nous, nous prendrons notre décision, mais là je crois que tu ne maîtrises plus ce qu’il nous arrive et dans ces conditions je ne vois pas comment nous pourrions continuer ».
Je te fixe. Je ne t’ai jamais défié de cette façon. J’ai peur de ta réaction. Ton visage s’est décomposé. Quelques secondes se passent. Carine à la limite de la panique cherche sur nos visages le moindre signe d’explication. Enfin tu réponds, grave, émue, au bord des larmes :
« Tu as raison Camille. J’ai pensé qu’en lui donnant ce qu’il voudrait il finirait par nous laisser en paix. Ce n’est pas le cas. Il m’a appelé aujourd’hui, à nouveau. Il réclame encore vos services, les miens. Je ne sais pas lui dire non. Il n’a peur de rien et il sait que je ne veux pas vous perdre. Je sais ce qui est arrivé à Alexia. Et c’est lui qui a décidé de cette punition supplémentaire, pas moi. Une punition que j’avais reçue moi-même l’autre soir. » Tu baisses la tête, abattue, perdue.
Je comprends alors l’impasse dans laquelle tu es. Et aussi cette terrible emprise qu’il a sur toi. Une emprise qui dépasse même celle que tu as sur moi. Carine s’est levée et est venue s’accroupir à côté de toi. Elle te tient la main, te chuchote à l’oreille, comme si tu étais une petite fille en sanglots. Elle se relève, te sert dans ses bras, ton visage se love au creux de son épaule.
J’enrage de te voir ainsi. Toi, ma Maîtresse, mon roc, mon gouvernail. Je serre les poings et dit simplement avec toute la fermeté donc je suis capable à cet instant : « Non, il ne nous détruira pas ! ». Et je commence à exposer mon plan. Celui qui me trotte dans la tête depuis ce matin. Celui qui n’était il y a encore quelques secondes qu’un délire de mon imagination…
Notre vie à quatre. Journal. Samedi 29 octobre 2016. Jour 15
Max, en plein euphorie après avoir remis la main sur toi et renoué avec quelques vieux amis louches, a loué pour le week-end une maison à Ciboure avec vue sur l’océan pour y inviter un jeune caïd et sa femme. Il veut se le mettre dans la poche et le lancer sur je ne sais quel trafic pourri. Comme à l’époque où il se servait de toi pour briller entre Paris et Genève, il sait qu’à part le fric rien ne séduit plus un jeune loup du milieu qu’une bonne partie de jambes en l’air.
Alexia est donc promise comme un morceau de choix et je suis apparemment invité au cas où sa femme s’ennuierait quelque peu. Au téléphone vers 10h tu lui confirmes que nous pourrons répondre à sa demande. Tu insistes sur le fait que ce « sera la dernière » et que tu veux qu’il nous laisse en paix. Il dit une nouvelle fois « Oui. Bien sûr » et tu fais semblant de le croire. Je passe ensuite au port comme nous l’avions discuté hier soir.
L’après-midi est interminable. Tous les quatre à la maison nous regardons tomber la pluie, nerveux, silencieux. Impossible de penser à autre chose qu’à cette nuit qui nous attend. Vers 18H30 nous commençons à nous préparer. Le dress code est à nouveau très chic, costume noir pour moi, robe longue blanche et talons pour Alex.
Tu nous donnes le briefing « officiel » de Max : Nous sommes attendus pas un couple et Tony, un de leurs « amis ». Max ne sera pas là mais nous savons qu’il ne sera pas loin. Après des accolades plus chaleureuses qu’à l’habitude nous vous laissons, Carine et toi, et nous mettons en route. Alexia me serre la main : « On va y arriver » dit-elle autant pour moi que pour elle-même. Oui on va y arriver. Nous n’avons de toute façon pas le choix. C’est notre vie à quatre qui est en jeu.
La nuit est sombre, sans lune. Nous voilà garés devant la vaste et noire silhouette de la maison que Max a louée. Juste en contrebas on entend plus l’océan qu’on ne le voit, plus loin à droite les lumières sur la promenade de St Jean délimitent la frontière entre la terre et la mer. A gauche vers le large quelques étoiles percent les nuages et éclairent faiblement le vaste horizon. Devant nous on aperçoit au loin, au bout de la masse sombre des falaises de Ste Barbe la lumière du phare de Biarritz. Il fait frais.
Je prends Alex par l’épaule, protecteur, rassurant, puis j’ouvre le petit portillon qui nous permet d’accéder aux escaliers de pierre qui gravissent la butte jusqu’à la porte d’entrée massive de la bâtisse de style néo-basque. Puis, je frappe. Je serre la main glacée d’Alexia. On nous ouvre. J’inspire à fond comme si j’allais plonger en apnée. Je pense à toi. A nous.
à suivre…
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