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Pour pouvoir être duchesse de Cambridge, deux qualités me semblent impérativement nécessaires : être belle et élégante comme un mannequin de vitrine Marks & Spencer et posséder un caractère qui avoisine en puissance celui d’un balai Swiffer.
Alors que tant de filles, jeunes et moins jeunes, s’extasient, toutes frémissantes d’admiration, sur la vie de princesse de Kate Middleton, j’éprouve pour ma part à chacune de ses apparitions, un immense sentiment d’incompréhension.
Et un peu d’effarement aussi.
Comment peut-on fantasmer sur une vie régie jusque dans ses plus infimes détails par des protocoles aussi lourds qu’obsolètes ?
Comment peut-on rêver d’une telle existence où le moindre pet requiert une autorisation spéciale de la Queen Mum pour être lâché ?
Moi là-dedans, j’explose en deux jours et demi ; je liquide la Couine Mémère tyrannique, je fous le feu au palais et je m’en vais achever par noyade ce conte de princesse-mon cul dans le pub le plus glauque et minable de la ville.
Elle est bien gentille Kakate, moi j’vous l’dis.
« On est gentiment prié de garder son balai dans le cul jusqu’au bout de la nuit »
Déjà le mariage m’avait plongée dans un état de grande consternation.
Sourire figé et yeux hagards, Kate passe la journée à faire des coucous mécaniques avec la main. Le clou de cette cérémonie polaire sera un furtif baiser aussi brûlant qu’un frigidaire Bosch et devant une telle pénurie d’effusion, je m’interroge : l’ont-ils droguée ?
Affublée d’une couronne de quinze kilos sur la tête et d’une traîne de trois kilomètres à l’arrière, j’imagine la Reine Mère ordonnant « Mettez-lui du bien lourd et du bien encombrant, qu’on soie sûrs et certains qu’elle ne puisse s’échapper ! » Sait-on jamais, des fois que la petite soit soudainement frappée d’un sursaut de lucidité.
Toutes les mamies du monde entier et Stéphane Bern s’émerveillent devant la robe de la mariée – col roulé, manches aux poignets et longueur « tAttentioniste » – mais l’enthousiasme est de courte durée et Kakate bien vite éjectée au second plan par l’arrière-train, nettement plus glamour, de sa frangine Pippa pendant que de l’autre côté, le tailleur jaune fluo de la Reine Mère hurle comme un gyrophare.
La duchesse encaisse, reste stoïque ; elle n’en est plus vraiment à une humiliation près.
A-t-elle conscience à ce moment-là que désormais sa vie ne sera plus qu’une longue succession de contraintes et d’abnégation au profit de la bienséance monarchique ? Les coucous qu’elle continue imperturbablement de faire avec la main, sont-ils en fait des adieux silencieux à toutes ses libertés ?
La soirée sera toute aussi débordante de joie austère : pas de bonnes copines pour ambiancer la piste de danse, pas de bons copains pour faire des blagues potaches et encore moins de chenilles ou de verres gaiment fracassés. On est gentiment prié de garder son balai dans le cul jusqu’au bout de la nuit. Le moment le plus fort de la noce restera assurément la reprise à la cornemuse du célèbre « Another day in paradise » de Phil Collins et à 22h30, tout le monde sera au lit.
J’espère sincèrement que la nuit nuptiale fut chaude bouillante, qu’ils ont baisé comme des sauvages pour rattraper au mieux cette désastreuse journée.
Mais à vrai dire, j’en doute un peu.
Les mois passent, la toute neuve princesse se vautre dans un état de docilité qui frise le masochisme mais trouve tout de même le temps entre deux distributions de boîtes de chocolats dans des hospices pour vieux séniles, de pondre un premier Royal Baby.
Ses aptitudes à la soumission forceraient presque le respect, elle s’applique à jouer son rôle sans vagues ni remous, jamais un cheveu de travers, le chemisier impeccablement repassé, sa vie toute entière semble être une version hardcore de Fifty Shades of Grey.
Mais sans les scènes de cul évidemment.
Je n’attends pas d’elle qu’elle s’engage auprès des Femen mais je trouve que toute cette notoriété qui ne sert à rien d’autre que nourrir, jusqu’à l’obésité, la presse « raclure de bidet » c’est tout de même un gâchis immense.
« Putain de merde, est-ce que tu peux avoir envie de godasses à talons quand tu viens de te faire bousiller les chairs et les entrailles ?! »
Enfin, venons-en à des faits plus récents ou l’avènement du second Royal Baby.
Mettre au monde un enfant reste une chose d’une merveilleuse banalité.
Pendant que Fatou accroupie dans la poussière du Nigeria, sous le chant des balles de Boko Haram, s’active à expulser le sien, Kate, dans la chambre de sa clinique aseptisée s’attèle exactement à la même tâche à la différence qu’en fond sonore, c’est Adèle qui s’époumone.
Et parce que le monde est bizarrement fichu, sans doute aussi en mal de rêves et d’histoires douces, c’est vers cette dernière que tous les regards sont braqués.
Il faut reconnaître que le spectacle que le british royaume nous donne à voir est tout bonnement fascinant : un homme, une femme – qui fait encore et toujours coucou avec la main – et un lardon qui ressemble à trente mille autres lardons fraîchement démoulés.
Quelques heures seulement après la délivrance, Kakate est jetée en pâture à la meute affamée de journalistes qui s’agglutinent devant la maternité. Et là j’ai envie de dire que le traitement qu’on lui a visiblement fait subir, c’est limite-limite de la maltraitance : combien d’heures de préparation, de lavage de cheveux, de brushing, de maquillage lui ont-ils infligées ? Ils ont poussé le vice jusqu’à l’accoutrer de godasses à talons. Putain de merde, est-ce que tu peux avoir envie de godasses à talons quand tu viens de te faire bousiller les chairs et les entrailles ?! A ce régime-là, je me demande si je ne préfère pas encore accoucher dans la poussière du Nigeria et repartir tranquille-pépouze en tongs… ?
Même sur le prénom de sa propre progéniture, Kate n’aura pas son mot à dire. Charlotte en hommage à Charles, le grand-père paternel, Elizabeth en hommage à l’infernale et omniprésente Queen Mum et Diana en hommage à la grand-mère paternelle (RIP). Et tiens, prends-toi dans les dents ta condition de petite roturière non-digne d’intérêt.
« Cette destinée de poupée Barbie neurasthénique »
Si j’avais dû être la zouz du prince William, j’aurais craché avec vigueur sur cette destinée de poupée Barbie neurasthénique.
J’aurais trouvé absurde d’obtempérer aux ordres d’une vieille de 90 piges qui porte des tailleurs rose bonbon et une couronne sur la tête.
J’aurais refusé de me plier à ce Disney-simulacre et d’alimenter les complexes de milliers de fraîches mamans.
Je me serais opposée violemment à l’idée d’exhiber à la foule en délire mon bébé de quelques heures à peine.
Je me serais seulement fendue d’un simple communiqué de presse – une photo – juste histoire de calmer les médias.
Juste histoire de recadrer un peu les priorités.
@ Lilas Goldo
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