En milieu de matinée, les ascenseurs sont plus calmes. Peu de monde les utilise. J’ai été convoquée dans les étages, alors j’appelle l’ascenseur. Je suis un peu anxieuse. Je ne suis
En milieu de matinée, les ascenseurs sont plus calmes. Peu de monde les utilise. J’ai été convoquée dans les étages, alors j’appelle l’ascenseur. Je suis un peu anxieuse. Je ne suis là que depuis quelques semaines, ma cheffe m’a regardé de travers quand je lui ai dit que je devais m’absenter pour monter dans la tour pour un entretien.
Personne dans l’ascenseur. Je profite du miroir de plein pied pour vérifier ma robe. Suite à des remarques les premiers jours, j’essaie d’être sage pour ma tenue, mais je ne sais pas si cela suffira. Il semblerait que plus on monte, plus on doit être irréprochable sur soi. Ma robe noire arrive juste en dessous des genoux, et mes chaussettes violettes arrivent plus haut que mes genoux. Mes bottines noires sont parfaitement ajustées. La taille est ajustée mais sans chichis. Le décolleté est cassé par le foulard violet que je porte autour du cou, le nœud masquant ma peau claire.
D’une main dans les cheveux, je réajuste une mèche rebelle. Je prends une grande inspiration quand j’arrive à l’étage indiqué. Je sors, et je me dirige vers le bureau voulu, pour passer une heure d’entretien.
Deux heures plus tard, pendant l’affluence pour le déjeuner, je prends l’ascenseur pour retourner à mon bureau. Je suis un peu sous le choc de ce qu’on m’a proposé. Je ne sais pas si je pourrais faire ce qu’on me demande. Même si on m’a laissé le temps pour réfléchir, j’ai perçu dans le ton et les attitudes que si je refusais, je ne ferais sans doute pas long feu dans la société.
Je sors à mon étage, pour rejoindre mes collègues pour le repas, si elles m’ont attendu. Je reviens à l’ascenseur seule, oubliant de prendre ma veste, en espérant les rattraper dans la rue.
L’ascenseur s’ouvre sur trois hommes. L’un a les yeux rivés sur son téléphone, les deux autres rigolent. Entre deux rires, je comprends que l’un d’eux racontent comment il a forcé une fille en boîte la veille à lui mettre la main dans le pantalon.
Je rougis malgré moi. Je croise le regard de l’homme au fond, qui semble retenir sa rage de lui dire ses quatre vérités au malotru. Je regarde mes pieds, quand je vois du coin de l’œil, dans le reflet du miroir, l’un des deux qui se rapproche, juste derrière moi, sans doute pour se frotter à moi. Je me retourne d’un seul coup, et je lis le nom sur son badge.
“Nicolas ? Félicitations, vous m’avez convaincu. La direction sera contente de vos efforts je crois”.
Mon ton sarcastique lui met la puce à l’oreille. Mais pour le moment, personne ne sait qu’une équipe de travail contre le sexisme dans la société va voir le jour, et que j’en ferai partie très bientôt.
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