J’ai lu Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma pour répondre au challenge de lecture de l’été dont je parlais précédemment. C’est seulement le deuxième livre de cet auteur que je lis, après Le Soleil des indépendances que j’avais lu il y a longtemps – j’étais alors lycéenne.
Allah n’est pas obligé m’a embêtée au début de ma lecture. Je n’aime pas les répétitions, les schémas répétitifs, c’est rédhibitoire pour moi. Or, ce texte joue tellement avec ça… Le narrateur est un garçon de dix ou douze ans au début de l’histoire. Il entreprend de raconter sa vie, les aventures qu’il a vécues alors qu’il recherchait sa tante avec un vieux grigiman baratineur qui réussit à se sortir de toutes les situations. Ces aventures passent par deux pays, le Libéria en pleine guerre tribale et le Sierra Leone où c’est encore pire. Dans ces pays, il devient enfant-soldat, small-soldier, avec son habit trop large et sa kalach à portée de main. D’assauts en combats, de chef en chef – chacun avec ses particularités, sa ou ses religions – il perd ses amis, autres enfants-soldats dont il fait l’oraison funèbre si le cœur lui en dit. Avec lucidité, il raconte comment vivent les gens (ou survivent), les façons de s’enrichir avec l’or et les diamants notamment, et il raconte la situation politique de chaque pays autour de 1994-1995, les stratagèmes pour acquérir le pouvoir, les coalitions, les pourparlers de paix, les ruses, les coups d’état…
Ce récit doit être compréhensible par tous, les anciens colons, ceux qui parlent pidgin, les Noirs d’Afrique avec leurs particularités lexicales, le jeune narrateur utilise des dictionnaires et donne entre parenthèses la définition de chaque mot particulier qui pourrait être incompris. C’est ce qui m’a semblé le plus pénible à lire parce que cela interrompt le récit. D’autant plus pénible à lire que certains mots déjà rencontrés sont définis à nouveau quelques pages plus loin. Encore des répétitions !
J’ai donc été dérangée au début de ma lecture, il m’a fallu un peu de temps pour m’habituer à cette narration. Mais j’y ai pris grand intérêt. Parce que c’est lucide, drôle malgré le malheur et la mort, et qu’on apprend beaucoup de choses sur ces états d’Afrique dont on n’entend pas souvent parler. Le point de vue est intransigeant, cynique pour un locuteur de cet âge. Bref, un bon livre au final, malgré mes réticences initiales.
Allah n’est pas obligé, Ahmadou Kourouma, éd. du Seuil
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