Holà, camarades ! Pour commencer, une petite anecdote. Mardi, en allant au boulot, un type me psssst-trop-belle-hmm-pssst. Miracle : il est seul (ici-bas le harcèlement se fait en communauté, pour
Holà, camarades ! Pour commencer, une petite anecdote. Mardi, en allant au boulot, un type me psssst-trop-belle-hmm-pssst. Miracle : il est seul (ici-bas le harcèlement se fait en communauté, pour garder l'avantage du nombre). Miracle : c'est une rue passante (je peux réagir sans risque). Je viens donc me planter devant le mec : "Franchement, après #metoo, vous osez encore ? / Non mais vous mésinterprétez ce que j'étais en train de dire. / Bah, non. Vous commentez mon apparence. / Je ne commente pas votre apparence. / Si. / La beauté n'est pas une question d'apparence. / Ah parce que vous sifflez la beauté intérieure, vous ? / Vous interprétez mal. / Donc en plus vous m'expliquez comment je dois comprendre vos paroles ? / Pas du tout. / Bah, si, c'est exactement ce que vous êtes en train de faire. / J'ai pas dit que vous étiez belle de manière insultante. / Non, mais j'ai quand même le droit de ne pas être rappelée à mon corps sur le chemin du boulot. / Vous êtes belle quand même. / De l'intérieur ? / Voilà."
Moralité : on n'est pas sortis de l'aubergine.
- L'article de la semaine (dernière) est de Nora Bouazzouni - sur l'hyperviolence des séries télévisées envers les femmes (qui effectivement peut gonfler les spectatrices dans mon genre) : "j’aimerais comprendre ce qui pousse les showrunners et scénaristes –en majorité des hommes, aux États-Unis comme ailleurs– à rivaliser d’imagination pour trouver des histoires plus sordides les unes que les autres de femmes édentées, démembrées, brûlées vives, le tout avec force détails et gros plans macabres. J’aimerais surtout comprendre pourquoi, alors que 79% des victimes d’homicides à travers le monde sont des hommes (77,8% pour les États-Unis, le plus gros pourvoyeur de crime shows), quiconque a déjà bingé des séries policières une nuit d’insomnie ne manquera pas de constater que les victimes y sont, en très grande majorité, des femmes."
- Dans le Nouvel Obs, un excellent rappel du fait que nos valeurs "naturelles" sont culturelles : "à Lesbos les émotions sont une prérogative masculine. Elles sont épanchées au café du coin pendant que les femmes, rationnelles et terre à terre, sont préposées à la tenue de la maison dont elles sont propriétaires (par la dote). L'affect des femmes est tourné exclusivement vers leurs enfants, tandis que les hommes sont dépositaires de l'intégralité restante de la palette émotionnelle."
- A lire dans Slate : "En interrogeant 348 personnes non-monogames et 200 couples monogames, les scientifiques ont trouvé «que les personnes dans une relation consentie, non-monogame ont le même niveau de satisfaction relationnelle, de bien-être psychologique et sexuel que les monogames.»"
- La tribune archi-problématique de la semaine est signée Nancy Huston dans Libé : "Se libérer, qu’on soit garçon ou fille, c’est dire oui à des gens riches et puissants qui souhaitent transformer votre corps en objet sexuel."
- Dans Vice, du fétichisme raciste (si j'étais asiatique, ça me rendrait barge) : "C’est un fait : bon nombre d’hommes ont une fascination sexuelle pour les femmes asiatiques. Aux Etats-Unis, le phénomène a pris une telle ampleur qu’on lui a même donné un nom : la Yellow Fever – ou Fièvre Jaune. Et très clairement, le concept désigne un « fétiche raciste. »"
- Toujours dans Vice : femmes dans le milieu du vin, c'est pas gagné ! (Notons qu'aux Etats-Unis le fait d'être française contrebalance la féminité, puisque c'est toujours à moi qu'on fait goûter le vin - il faut dire aussi que c'est toujours moi qui le commande...)
En anglais :
- Sex & The City était une série télévisée présentée comme en avance sur son temps. Si on la regarde aujourd'hui... pas tant que ça. Racisme, transphobie, double standards, âgisme, tout y passe !
- On n'en sort pas : il y a maintenant une appli pour que les femmes puissent prévenir leurs amis quand elles vont en rendez-vous amoureux - et pour qu'elles puissent se manifester à intervalle régulier, si tout se passe bien. Nous sommes en 2018, il est dangereux pour une femme de faire des rencontres. Soupir.
- Long read : la culture sexiste chez Pixar.
- Ne plus mettre de maquillage... mais dépenser des sommes absurdes en entretien de sa peau, tout ça pour pouvoir juger les femmes qui "se tartinent" ou "se plâtrent". Quand le no-make-up se transforme en jugement de classe, ça fait mal. (Rappel : sinon, on peut se passer de maquillage ET de crèmes. Surtout quand on est plantée derrière son ordinateur. La peau se porte beaucoup mieux avec un simple écran total.)
Recommandation culturelle :
Nanette, sur Netflix. A regarder du début à la fin (même si ça démarre mollement). Je vous demande de me faire confiance sur ce coup-là, ok ? Regardez-le du début à la fin.