Maintenant que nous sommes la nation du foot, sommes-nous encore la nation de la séduction ? Bof. Selon une étude toute fraîche signée Happn/Yougov, 57% des Français n'aiment pas draguer.
Maintenant que nous sommes la nation du foot, sommes-nous encore la nation de la séduction ? Bof. Selon une étude toute fraîche signée Happn/Yougov, 57% des Français n'aiment pas draguer... les enthousiastes de la drague forment moins d'un-tiers de la population (30%). La moitié d'entre nous ne draguent jamais, et 37% très rarement. Les dragueurs du quotidien sont à peine 2%. En terme de technique, ça ne vole pas haut : 30% se considèrent comme timides, avec un gros silence comme phrase d'accroche (à coups de longs regards enamourés), pendant que 25% optent pour le "salut ça va" (aussi appelé "salut je n'ai aucune personnalité mais j'aimerais que tu m'apprécies quand même"). Vous pouvez donc officiellement balancer vos Liaisons Dangereuses par la fenêtre.
70% des Français (on aimerait bien la division par genre) se font rarement ou jamais draguer, et 30% n'aiment pas ça. Notons pour les adeptes de l'insistance que 8% seulement des Français feignent l'indifférence pour attiser l'intérêt : les autres prolongent la conversation, soutiennent le regard, sourient, cherchent des occasions de rester en contact, font des compliments, ou annoncent carrément qu'ils/elles sont intéressés - il n'y a donc aucun décryptage à opérer. Les "bonnes" stratégies consistent à ne pas en faire trop, à faire marrer, à s'intéresser à l'autre, sans insister.
Au niveau des faux pas, sans surprise, on trouve... l'insistance ! Dans l'ordre des gestes-repoussoirs : se montrer trop tactile, siffler, essayer encore après un refus, l'égocentrisme, l'approche trop frontale ou trop familière, et les remarques sur le physique. Si vous voulez complimenter quelqu'un, quatre Français sur dix veulent l'être sur leur personnalité, 13% sur leur humour, et seulement 10% sur leur physique. "T'es trop bonne" ou "charmante" ? AU FEU DANS LES FLAMMES DE L'ENFER.
A la question de qui doit draguer, les réponses sont relativement modernes : pour sept Français sur dix, ça n'a aucune importance. Pour deux Français sur dix, l'homme doit faire le premier pas. Quant à ceux qui pensent que la femme doit être en charge, ils ne forment qu'1% des troupes.
Au niveau des lieux de drague, 40% des répondants estiment qu'il n'y a pas de règles. Viennent ensuite les suspects habituels : on préfère être séduits en vacances, chez des amis, dans des bars, en discothèque. En revanche, ATTENTION... car il y a (quand même) des règles : celles du bon sens. 28% des Français n'aiment pas se faire draguer la nuit dans la rue, 21% n'apprécient pas les endroits isolés (note personnelle : en 2012, lorsque j'avais écrit précisément la même chose, j'avais affronté une déferlante de commentaires masculins désobligeants de type "oui mais moi je suis gentil, je peux bien sauter au visage d'adolescentes à quatre heures du matin dans une rame déserte, say pour rigolé" - bon bah, en 2018, c'est toujours une mauvaise idée, et toujours parfaitement irresponsable, bisous).
Et puisque nous sommes sur un sujet parfaitement post-#metoo, des chiffres intéressants : la moitié d'entre nous trouvent qu'on ne sait plus comment draguer (a-t-on su ? Comme sexperte, je peux clairement vous répondre que non). 62% trouvent que nous sommes sur la défensive (effectivement, ça s'appelle l'instinct de survie).
Pour résumer ? Justement parce que nous vivons un moment de tension, il faut réadapter nos stratégies pour les rendre plus respectueuses : proposer, laisser l'autre disposer, sans insister, sans en faire des tonnes, en mettant en avant l'humour et la personnalité plutôt que le physique et l'agressivité. Loin de la castration générale annoncée, on mise tout sur la bonne ambiance !