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Noss clichés ont les reins solides : nous sommes en 2018, les voitures volantes approchent mais les femmes ne seraient toujours pas sexuellement « visuelles »... et tant pis si les tests
Jusqu’ici normalement, vous n’apprenez rien de neuf. Mais la théorie que je trouve intéressante est la suivante : prétendre que les femmes ne sont pas visuelles permet de réprimer leur sexualité - laquelle non seulement ne s’exprime pas (puisqu’il serait incorrect qu’une femme exprime son désir - pour exprimer, il faudrait qu’elle perçoive, et pour percevoir, bah, il faudrait qu’elle regarde), mais qui n’imprime pas non plus, puisque les femmes se retrouvent à constamment regarder d’autres femmes (puisqu’elles ne sont pas visuelles, pourquoi les artistes et pornographes s’embêteraient-ils à leur proposer du contenu ?).
Je trouve cette explication pertinente (parmi d’autres), surtout en tant que femme en ayant supermarre de mater des corps de femmes. J’en peux plus. Ces minauderies, ces déhanchés, cette manière de toujours représenter les mêmes anatomies - cette exploration sans fin de la nana maigre ressemblant exactement à la nana pulpeuse ressemblant exactement à la nana grosse, qui pourrait être Noire, Blanche ou Bleue, qui pourrait être une souillon ou WonderWoman, cette obsession pour la beauté quand on pourrait QUAND MEME en 2018 commencer à s’intéresser à la laideur et la banalité (quoi, on n’aime plus le changement ?), je - n’en - peux - plus.
Cinq années après mon premier post sur la question, ma consternation est toujours intacte, non seulement envers les artistes hommes qui refusent de creuser la question de leur propre corps, mais plus encore envers les artistes femmes qui oublient de mettre leur propre regard en perspective (ce qui constitue rien moins que leur taf) (« j’avais envie de me mettre en scène en culotte pour montrer la violente faite aux trans / le sort des migrants / la recette de la tarte aux pommes » - j’en - peux - plus).
Par ailleurs. Si les femmes faisaient leur job de créatures désirantes, les mecs hétérosexuels auraient moins la trouille de se mettre en valeur et de se retrouver en situation de « cible » - parce que cette position pour l’instant est associée à l’homosexualité, sans la moindre nuance possible (or en attendant la fin de l’homophobie, on a bien besoin des nuances).
Les femmes sont visuelles : il faut le dire, et le redire. Mais pour que le message passe, il faudrait aussi que les femmes se comportent de manière visuelle : qu’elles aient le courage et la lucidité de sortir du rôle même pas confortable d’objet de désir, pour partir à l’assaut du monde (et du corps des hommes). Ce sont ces exploratrices-là qui nous libéreront. Pas la énième accro du selfie.