Seigneur. Marie. Joseph. Marcela Iacub a réussi à nous pondre une défense des frotteurs du métro, lesquels ne dérangeraient personne, ou pas vraiment - en fait, ils importuneraient au même niveau
Seigneur. Marie. Joseph. Marcela Iacub a réussi à nous pondre une défense des frotteurs du métro, lesquels ne dérangeraient personne, ou pas vraiment - en fait, ils importuneraient au même niveau que des moustiques. Note : penser à commercialiser des sprays anti-frotteurs, ainsi que des tapettes à frotteurs. Merci.
La prise de position est catastrophique dans les grandes largeurs, mais déjà, avant de venir asséner que les frotteurs ne font aucun dommage, j'aurais aimé que Marcela Iacub demande leur avis aux victimes. Notamment aux adolescentes, aux fragiles, aux traumatisées, aux survivantes d'autres agressions, ou à celles qui viennent de se faire taper par leur mec, ou virer de leur job. Sérieux. Un peu de décence, quand même ? Un peu de compassion ? Par ailleurs, le nom de "frotteur" induit en erreur. Il suggère une pratique douce... mais quand le mec te poursuit dans le métro en te menaçant, et que personne ne répond à tes demandes d'aide (ma dernière expérience de frotteur parisien), il est temps d'employer le mot correct : abuseur, agresseur. Sinon on revient au monde d'avant, quand l'oncle pervers "jouait" avec ses neveux et nièces. Où il n'y avait "pas mort d'homme".
Avec cette chronique, Iacub se met du côté des relativistes de la souffrance : le viol n'est pas vraiment un problème, les nanas en font des tonnes, c'est pas grave si on te coupe un doigt parce qu'on aurait pu te trancher un bras... Le point de vue d'une personne absolument privilégiée et qui vient donner des leçons de résilience aux autres. Au secours. (Rappel : les agresseurs s'en prennent aux handicapées plutôt qu'aux valides, aux jeunes plutôt qu'aux vieilles, aux pauvres plutôt qu'aux riches, etc. Il est donc absolument crucial de se rappeler que quand vous-moi ne sommes pas victimes de telle ou telle forme d'assaut, ça ne signifie pas que ça n'existe pas. Seulement que ça nous est invisible.)
L'autre argument massue, c'est que les pauvres gars n'ont pas choisi ce qui les excite, donc on devrait leur foutre la paix. AH BAH. Est-il temps de sortir le point pédophilie ? Le point psychopathie ? Le point viol ? Le point zoophilie ? Le point violences conjugales en découpant son épouse en morceaux ? Si une chose antisociale m'excite, la société doit s'ajuster à mon excitation ? Etrangement, j'avais l'impression qu'on n'était pas entre loups, et qu'on prenait collectivement une direction moins brutale.
Je passe sur le reste, mais je me demande aussi : jusqu'où peut-on aller pour se différencier de la masse, pour attirer l'attention ? Est-ce que le boulot de chroniqueuse (le mien aussi, donc) nécessite de systématiquement chercher ce qui fait consensus pour dire le contraire - plutôt qu'éventuellement aller chercher les chemins de traverse, la prospective, la référence historique - pour ne donner que quelques exemples ? Y aurait-il en ce moment une prime à la contradiction pure et dure des valeurs les plus basiques ?
Parce que si c'est le cas, quelques suggestions pour vous autres futurs chroniqueurs : défendre le droit de battre ses gosses, de torturer les animaux, de rejeter les migrants à la mer, de tuer au hasard, défendre l'égoïsme, l'irresponsabilité, la destruction... mais allons-y ! Pourquoi s'embêter à chercher des sujets ? On prend la constitution des droits humains, on retourne chaque article. On prend le pire du capitalisme, on s'en gave. Et au passage, on crache à la gueule de tout le monde pour s'assurer cinq minutes de gloriole.
Bon. Sang. On n'est pas rendus...