Qui ne dit rien consent ? Voilà déjà quelques mois (enfin, quelques années) que cette notion est mise à mal, du moins dans le domaine sexuel. Mais la Suède va
Qui ne dit rien consent ? Voilà déjà quelques mois (enfin, quelques années) que cette notion est mise à mal, du moins dans le domaine sexuel. Mais la Suède va plus loin que nos débats : à partir du 1er juillet, le viol ne consistera pas à avoir outrepassé un "non" mais à ne pas avoir obtenu de "oui" - c'est-à-dire que la signification du viol deviendra, très littéralement et très logiquement, une relation sexuelle sans consentement. La passivité ne signifiera pas qu'on est d'accord. Et si le/la partenaire est inerte, alors il faudra lui demander pourquoi. (Notez que ça ne semble pas extraordinairement compliqué.)
Qu'est-ce que ça signifie ? Qu'à l'échelle européenne, nous nous méfions de plus en plus de l'idée de consentement implicite : clairement, elle a des ratés. D'où des vélléités de sortir du flou artistique : plutôt que de prouver que la victime était inconsciente, alcoolisée, ou qu'elle était victime de violence, il faudra prouver qu'elle a dit oui. Deux nouveaux crimes déboulent donc en Suède : le viol par négligence et l'abus sexuel par négligence.
Est-ce unique ? Pas tant que ça. C'est apparemment déjà le cas en Allemagne et Royaume-Uni. Dans la loi anglaise, l'agresseur doit s'être assuré que le/la partenaire consent. Le viol existe si la personne A ne "peut pas raisonnablement croire que la personne B consent," et cette croyance exige d'avoir demandé.
Ensuite, est-ce la fin du Grand Mystère de l'Amour, Des Belles Timidités et Des Tergiversations Adolescentes Tellement Touchantes (tm) ? J'en doute - c'est simplement un outil utile, et à mon sens, agréable. J'ai suffisamment entendu les lecteurs de ce blog se plaindre d'être face à des partenaires passives, ou de ne pas recevoir des compliments, ou d'avoir l'impression de n'être jamais désirés ! Loin de tuer l'ambiance, cette loi (si elle était appliquée, ce qui me paraît compliqué) leur donnerait au contraire le supplément d'âme et de soufre tant attendu.