Le Festival de Cannes qui-n’a-pas-lieu a annoncé sa sélection, ainsi que la Semaine de la critique et l’Acid, deux sections parallèles. Coup de projecteur absurde mais, qui sait, utile, sur les
Le Festival de Cannes qui-n’a-pas-lieu a annoncé sa sélection, ainsi que la Semaine de la critique et l’Acid, deux sections parallèles. Coup de projecteur absurde mais, qui sait, utile, sur les réalisatrices qui ne monteront pas les marches cette année.
La cinéaste japonaise Naomie Kawase est une habituée du festival de Cannes, même quand il n’a pas lieu (photo Georges Biard WikiCommons)
Le 3 juin dernier, le délégué général, Thierry Frémaux, a tenu à annoncer sa sélection pour la 73ème édition du festival de Cannes qui n’a pas eu lieu. Dans la salle (vide) de l’UGC Normandie, aux côtés de Pierre Lescure, son président et du journaliste de Canal+ Laurent Weil, il a présenté les 56 titres que son comité de sélection – paritaire – a retenus. Le festival affiche maintenant des statistiques sur le nombre de réalisatrices, après la signature d’une charte avec le collectif 50/50 de femmes du cinéma et de l’audiovisuel, comme des dizaines d’autres festivals dans le monde. Elles sont seize cinéastes annoncées, un nombre plus élevé chaque année (14 l’année dernière, 6 en 2015). Ce record ne veut pas dire grand-chose, son principal intérêt étant dans ce mini effet d’annonce dans le petit milieu du cinéma. D’ailleurs je n’ai trouvé que douze réalisatrices dans la liste. Trois se sont désistées la veille de l’annonce comme le précise allociné. Et une a réalisé un film à sketches avec cinq hommes. Le festival a en tous cas pris davantage de risques « en virtuel » dans sa sélection avec beaucoup de premiers films de femmes, profitant de l’absence de certains réalisateurs qui attendent Cannes 2021 ou ont fait le choix de postuler à d’autres festivals à l’automne.
Le lendemain, les sélections parallèles Semaine de la critique et de l’ACID (association pour le cinéma indépendant et sa diffusion) ont, elles aussi, annoncé leur sélection. Les deux femmes de la sélection de la Semaine de la critique – reconnue pour ses découvertes – sont de jeunes françaises. Leurs premiers films seront notamment présentés au festival d’Angoulême à l’automne prochain. A l’Acid, où ce sont des cinéastes qui choisissent les films, cinq des dix films « labellisés » sont réalisés par des femmes.
Ça n’est pas forcément un cadeau d’être en sélection d’un festival qui n’a pas lieu. Mais ces labels permettront à chacune de bénéficier d’un avantage sur le marché cannois du film qui aura lieu mi-juin en ligne mais aussi de bénéficier d’une meilleure promotion à leur sortie en salle, le festival utilisant son réseau de contacts. Quant aux films de l’ACID, ils feront l’objet de séances de projections spéciales à Paris, Lyon et Marseille dans des cinémas partenaires. C’est peu mais c’est déjà ça !
Voici donc la liste de ces réalisatrices qui ne monteront pas les marches cette année mais sont quand même « labellisées ». Des noms connus pour certaines, à suivre pour d’autres…
Compétition officielle
- Naomi Kawase avec « True mothers » sur l’adoption (de cette réalisatrice japonaise, je vous conseille « Shara » et « Still the water »)
- Maïwenn, comédienne et réalisatrice, avec « ADN », entre France et Algérie (elle a réalisé « Polisse » et « Mon Roi »)
- Danielle Arbid avec « Passion simple » d’après le roman d’Annie Ernaux
- Marie Castille Mention Shaar avec « A good man » sur un homme trans, rôle joué par une actrice femme
- Ayten Amin, une réalisatrice égyptienne, avec « Souad », sur la jeunesse de son pays
- Caroline Vignal avec la comédie « Antoinette dans les Cévennes »
- « Slalom » de Charlène Favier, un premier film français sur l’emprise d’un entraineur sportif sur une athlète
- « Gagarine » de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, un premier film aussi, sur la cité Gagarine, à Ivry
- Déa Kulumbegashvili jeune cinéaste géorgienne, avec « Au commencement »
- Suzanne Lindon, une cinéaste française de 20 ans, avec son premier film, « 16 printemps »
- Nora Martirosyan, arménienne, avec « Si le vent tombe » sur la réouverture d’un aéroport fermé (présenté aussi par l’Acid)
- Ninja Thyberg, jeune artiste suédoise, qui a été primée avec un court métrage en 2013 à Cannes, a été « labellisée » cette année pour son premier long intitulé « Pleasure »
Semaine de la critique
- « De l’or pour les chiens » d’Anna Cazenave Cambet
- « Sous le ciel d’Alice » premier long métrage de Chloé Mazlo, qui a réalisé « Les petits cailloux », court métrage d’animation Césarisé en 2015
ACID
- « Si le vent tombe » de Nora Martirosyan (avec la compétition officielle)
- « The last Hillbilly » de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe
- « Loin de vous j’ai grandi » de Marie Dumora
- « La ultima primavera » de Isabel Lamberti
- « Walden » de Bojena Horackova
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