« Nous avons eu l’espoir que

« Nous avons eu l’espoir que le confinement serait l’occasion d’une prise de conscience» écrit, pour commencer, le collectif Parents & Féministes. Espoir vite douché ! Dans une tribune* intitulée « Pour la fête des mères, messieurs, voici la facture » et publiée dans leHuffingtonPost, le collectif invite les mères à calculer le prix du travail domestique et parental avec un outil mis à leur disposition ici. Et la note est salée. Incomparable avec tous les colliers de nouilles qu’elles pourront recevoir en ce dimanche de fête des mères.

Il y a quelques semaines, des Allemandes adressaient la facture à leur gouvernement, estimant qu’elles avaient réalisé le travail du service public pendant le confinement.

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Les Françaises s’adressent d’abord aux hommes puis à l’Etat.  On pouvait imaginer qu’avec le confinement, les hommes auraient pu « voir l’invisible : le travail domestique et parental, ces activités quotidiennes grâce auxquelles la vie est produite et reproduite, qui incombe majoritairement aux femmes» dit la tribune. Mais il semble qu’il n’y a pas eu d’effet confinement. Ceux qui avaient ouvert les yeux avant la crise sanitaire ont continué mais pour les autres, la cécité a été la règle. Et la situation s’est empirée pour les femmes.

Lire : Confiné.e.s et égaux en ménage ? ça arrive !

« Le confinement a exacerbé les inégalités femmes-hommes. » écrit le collectif. « Autour de nous, nous avons vu les femmes assurer la majorité des tâches domestiques, mettre leur travail et leur bien-être en sourdine. Nous avons vu les mères s’occuper en grande majorité du lien avec l’école: aux États-Unis, 80% des femmes estiment avoir davantage effectué le suivi scolaire – combien en France? » Et ce n’est pas terminé puisque, le déconfinement ne signifie pas l’accueil de tous les élèves : 23 % seulement selon les derniers chiffres. Le confinement aurait même creusé les écarts.

Lire : Confinées, les femmes en font plus que les hommes… avec le sourire (presque)

Alors elles demandent « N’est-il pas temps, puisque se profile le monde d’après, de faire les comptes, de regarder combien d’heures passées, d’opportunités perdues, ou de carrières interrompues parce que le travail domestique et parental est non seulement inégalement réparti mais invisibilisé, la majorité des hommes surestimant leur implication et sous-estimant le travail de leur conjointe? »

Comme les Allemandes, les autrices de la tribune adresse la facture à «  l’État, qui s’est délesté de dépenses socialisées sur les femmes comme l’école ou la prise en charge des dépendant.es. » et elles insistent : « Notre facture rappelle que la société est construite non seulement sur la spoliation du travail féminin gratuit (60 milliards d’heures travaillées par an, ce qui représenterait l’équivalent de 33% du PIB), mais aussi sur une échelle de valeur où le travail féminin a toujours le bas-bout » et dénoncent la dévalorisation des métiers du «care » majoritairement exercés par les femmes. Alors elles envoient : « Monde d’hier, voici notre facture, pour solde de tout compte. »

*Tribune écrite par Amandine Hancewicz, Présidente Parents & Féministes, Céline Piques,Porte-parole d’Osez le Féminisme !,  Héloïse Simon, Écrivaine et militante féministe, et Manuela Spinelli,  Co-fondatrice Parents & Féministes

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