« Devenir mère ? S’intéresser au sujet de la maternité ? Mouais, c’est pas très féministe de faire pile ce que l’on attend de nous en tant que femme. » Pourtant, l’éducation des enfants est un puissant levier de transformation de la société. Et ces douze militantes féministes l’ont bien compris !

Article initialement publié le 10 mars 2021

En matière de maternité, les mouvements féministes se sont longtemps concentrés sur l’accès à la contraception et à l’IVG.

Deux combats essentiels, qui ont transformé la vie de nombreuses femmes dans le monde. Et si la vigilance est toujours de mise sur ce plan-là, en témoignent les récentes attaques contre l’avortement aux États-Unis, de nombreuses militantes se penchent aujourd’hui sur d’autres aspects de la maternité.

Comment élever des enfants féministes ? Comment protéger les femmes des violences obstétricales ? Comment obtenir une meilleure répartition de la charge mentale et du travail parental dans les couples hétérosexuels ? Comment permettre à toutes les femmes de devenir mères grâce à la PMA ? Comment s’organiser entre mères racisées pour lutter contre les discriminations racistes subies par les enfants ? Comment mettre notre puissance en commun pour profondément transformer la société ?

Autant de questions essentielles et de chantiers auxquels s’attèlent des militantes en créant des associations et des collectifs, en animant des podcasts ou des groupes de paroles, en écrivant des essais ou en militant sur les réseaux sociaux.

Nous en avons choisi douze incontournables pour vous les présenter.

1) Illana Weizman libère la parole sur le post-partum

Illana Weizman est doctorante en sociologie des médias à l’université de Tel-Aviv, et si elle travaille sur la construction identitaire et le militantisme en ligne, le sujet qui l’occupe depuis l’année dernière, c’est le post-partum. Ou plutôt, le silence qui recouvre cette période et empêche les femmes de savoir ce qu’elles risquent de traverser après un accouchement.

Après avoir lancé avec d’autres militantes le hashtag en février 2020, suite à la , la trentenaire a écrit un livre Ceci est notre post-partum, avec toujours le même objectif : informer sur la réalité du post-partum et demander une amélioration des politiques publiques pour mieux accompagner les mères durant cette période.

En s’appuyant sur son expérience individuelle de la dépression post-partum, Illana Weizman a lancé un mouvement collectif, libérateur et éminemment politique.

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2) Coline Charpentier a monté une armée pour dégommer la charge mentale

La charge mentale est un concept féministe aujourd’hui largement connu du grand public en France, grâce au , mais aussi grâce au lancé par Coline Charpentier en 2018.

Cette prof d’histoire-géo dans le 93 s’est lancé dans ce projet militant pour illustrer avec des scènes de la vie quotidienne ce qu’est concrètement la charge mentale des femmes, et a fortiori des mères. Après avoir publié un livre sur le sujet, T’as pensé à ? Guide d’autodéfense sur la charge mentale, Coline Charpentier a décidé de réunir un collectif pour animer le compte Instagram @taspensea qui affiche désormais 150.000 abonné·es.

Dans le cas de la trentenaire, c’est aussi une expérience individuelle — porter l’essentiel de la charge mentale après la naissance de son fils — qui lui a donné envie de mener un projet militant utile pour d’autres femmes et mères.

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3) Fatima Ouassak raconte la puissance des mères dans les quartiers populaires

L’essai de Fatima Ouassak paru en 2020, La puissance des mères, vous fera certainement l’effet d’une bombe. Cette politologue et militante, mère de deux enfants et fille d’immigrés, y parle de son combat politique, antiraciste et écologique à Bagnolet.

Avec des exemples précis et des analyses fortes, la cofondatrice du syndicat de parents – le Front de mères – explique comment les mères des quartiers populaires peuvent s’engager en première ligne pour changer le système et améliorer la vie de leurs enfants.

« Le combat des mères est un angle mort du féminisme. Les luttes menées par les femmes en tant que mères ne sont pas valorisées. Ce qui explique en partie pourquoi les combats de l’immigration et des classes populaires portés par des mères en tant que mères ne sont pas valorisés comme des combats féministes », dénonce-t-elle.

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Sortie de mon livre «La puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire», aux éditions , le 27 août 2020 ?

— Fatima Ouassak (@FOuassak)

4) Ophélie Bourgeois se moque des conseils non sollicités faits aux mères

Quand on devient mère, on est souvent confrontée à un truc très pénible : tout le monde a son avis à donner sur la manière dont on élève notre enfant. Et puisqu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer, Ophélie Bourgeois a créé un compte Instagram dédié aux conseils les plus pourris, WTF et dangereux, baptisé .

La jeune mère de 29 ans qui vient d’accueillir son deuxième enfant y partage aussi son quotidien à la campagne avec humour et sincérité. Elle s’apprête d’ailleurs à publier un deuxième livre baptisé Culpabilité ta mère ! où elle raconte ses galères de maternage et la culpabilité qui en a découlé.

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5) Lucile Gomez nous réconcilie avec nos corps de mères

L’illustratrice Lucile Gomez raconte dans ses strips en jaune sa vie de femme, d’autrice de bande dessinée, de mère et de surfeuse. Une thématique revient en filigrane dans tout son travail : le rapport au corps. Qu’elle parle des , ou de la t, elle touche toujours juste.

Depuis plusieurs années, elle s’est engagée dans un projet de bande dessinée résolument féministe.La naissance en BD vise à donner aux personnes enceintes toutes les clés pour s’approprier leur accouchement en comprenant réellement ce qui se passe dans leur corps. Un concentré de sororité à mettre entre toutes les mains, et surtout celles des futures mères. Le tome 2 est prévu pour 2021.

Vous pouvez suivre Lucile Gomez sur et vous inscrire à

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6) Fiona Schmidt pointe les injonctions faites aux femmes childfree et aux mères

Le point commun entre Fiona Schmidt et Rockie ? Notre envie de rassembler les femmes childfree et les mères pour lutter contre les injonctions à la maternité que nous subissons toutes, sous diverses formes.

La journaliste qui n’a elle-même pas d’enfants (mais qui assume le rôle de belle-mère auprès des filles de son compagnon) s’attèle avec succès à déconstruire la charge maternelle qui pèse sur toutes les femmes, qu’elles veuillent ou non des enfants. Elle a créé pour cela le et publié un livre sur le sujet, dont le titre est sans équivoque : Lâchez-nous l’utérus !

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7) Charline plaide pour une éducation non genrée, antiraciste et décoloniale

Enceinte, Charline a été assaillie de remarques renforçant les stéréotypes de genre : « ah, c’est un garçon ? C’est bien, il va pouvoir jouer au foot avec son papa ». Et après la naissance, elles n’ont fait que se renforcer.

Comme peu de ressources existaient en 2017 sur l’éducation féministe et non genrée, en particulier pour les petits garçons, elle a décidé de s’attaquer au sujet en créant un blog : Mon fils en rose. Un moyen pour elle d’exorciser sa colère et de se sentir moins seule. « Ce que je veux, c’est offrir tous les possibles à mon fils, alors ce blog aura du sens tant qu’il ne pourra pas porter du rose sans se prendre des remarques ».

La jeune femme de 32 ans, chef de projet dans la formation, aborde aussi des thématiques antiracistes sur son blog. « Au début, c’est parti d’une question : qu’est-ce que je transmets à mon fils de mon héritage asiatique et de l’héritage arabe de son père ? Et puis, je me suis dit que cela ne suffirait pas, qu’il fallait penser une éducation activement antiraciste et décoloniale ».

Pour aller plus loin : le , son .

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8) Josépha Raphard libère la parole des mères et cultive la sororité

Autodidacte, Josépha Raphard, 25 ans, a réalisé deux chouettes séries documentaires. La dernière, intitulée Mères, donne la parole à des femmes aux parcours de vie variés. Leur point commun ? Elles ont eu un enfant, et elles en parlent librement face caméra.

Libérer la parole des mères et cultiver la sororité, c’est aussi ce à quoi s’emploie la jeune maman d’une petite Paloma née juste avant le premier confinement, avec son Loma club. Il s’agit de cercle de paroles en ligne, avec d’autres (futures) mères, pour s’écouter, se marrer et se soutenir. Un bon moyen de rompre l’isolement que l’on peut ressentir pendant les premiers mois ou années de vie de son enfant.

Sur son compte Instagram, Josépha Raphard poste aussi des photos et des messages sincères qui font du bien et aident à se réconcilier avec nos corps post-grossesse.

Vous pouvez aller regarder la et  sur Instagram.

9) Marie-Hélène Lahaye, l’infatigable lanceuse d’alerte sur les violences obstétricales

Juriste de formation, Marie-Hélène Lahaye se bat depuis des années contre les violences obstétricales et la médicalisation à outrance des accouchements. Son objectif : que chacune puisse choisir où et comment elle souhaite accoucher. Écouter les personnes enceintes, demander leur consentement et respecter leur volonté, des basiques loin d’être acquis par le monde médical.

Mais, petit à petit, grâce au combat mené par Marie-Hélène Lahaye à travers son blog Marie Accouche-là et son livre Accouchement – les femmes méritent mieux, les choses évoluent dans le bon sens. Elle a également participé au documentaire d’Ovidie Tu enfanteras dans la douleur qui aborde le sujet des violences obstétricales et donne la parole à des femmes qui en ont souffert.

Désormais engagée en politique sous la bannière écolo, la lanceuse d’alerte belge continue au quotidien son travail de veille et de mobilisation sur le sujet, en suivant particulièrement les répercussions de la pandémie sur la prise en charge des femmes enceintes (accouchements masqués, etc.).

Suivez , sur sa . Ou procurez-vous son excellent livre :

"Tu enfanteras dans la douleur", le documentaire d' , est en ligne sur !

Visionnez-le. Partagez-le. Cet excellent reportage est essentiel pour faire changer les pratiques autour de l'accouchement.

— Marie-Hélène Lahaye (@MHLahaye)

10) Prisca Ratovonasy et Ulriche tendent le micro aux parents racisés

Quand Prisca Ratovonasy a réalisé que ses filles vivaient les mêmes agressions racistes dans la cour de l’école que celles qu’elle avait elle-même connues enfant, elle a décidé de s’engager pour changer les choses.

Avec son amie d’enfance Ulriche, elles ont alors créé en 2020 un podcast : Les enfants du bruit et de l’odeur, dans lequel elles invitent des mères et des pères racisés pour parler des discriminations vécues par les personnes racisées à l’école.

« On a voulu créer un média pour parler de ce qui nous arrive et trouver des solutions ensemble, sans interruption ou minimisation de ce que nous vivions. On voulait aussi donner des outils aux parents pour qu’ils puissent parler du racisme avec les enfants et entraîner une prise de conscience chez les professionnels de l’éducation. Il ne suffit pas de chanter des chansons sur la tolérance pour faire de l’antiracisme ! »

En parallèle du podcast, les deux femmes ont créé une librairie en ligne inclusive où les parents peuvent se procurer des livres offrant une meilleure représentation aux enfants, en matière d’origines et de couleur de peau, mais aussi de configurations familiales, de genre ou d’orientation sexuelle. Un chouette projet auquel Prisca Ratovonasy va désormais se consacrer à 100% puisqu’elle a quitté son boulot pour ça.

Vous pouvez , et .

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11) Marie-Clémence Bordet-Nicaise : lesbienne, mère et engagée pour les droits de toutes les familles

Née dans une famille catholique et bourgeoise, Marie-Clémence Bordet-Nicaise a dû affronter pas mal d’obstacles quand elle est tombée amoureuse d’une femme et a décidé de l’épouser. Dans un très beau livre paru en 2019, On ne choisit pas qui on aime, elle raconte son chemin de vie et leur parcours avec sa femme Aurore pour avoir un enfant, grâce à une PMA à l’étranger, en Espagne.

L’année dernière, elle a aussi participé à la création du collectif Famille.s avec d’autres militante·s, pour « connecter, soutenir et faire rayonner les parentalités LGBTQIA+ ». Le combat du moment ? Obtenir enfin la mise en place de la PMA pour toutes (après des mois de navettes parlementaires) !

Rejoignez le , suivez Marie-Clémence Bordet-Nicaise sur son ou son Ou lisez son livre : .

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12) Charlotte Puiseux met le sujet de la handiparentalité en lumière !

Psychologue clinicienne et docteure en philosophie, Charlotte Puiseux est aussi une mère en situation de handicap moteur. Engagée auprès de l’, elle prend régulièrement la parole pour parler de son parcours de maternité.

Comme sur le site de l’ : « Dans notre société patriarcale, la mère reste celle sur qui reposent beaucoup de responsabilités familiales : veiller sur sa famille, emmener les enfants chez le médecin, s’occuper des repas, du ménage de la cuisine… Moi, je suis en fauteuil et j’ai besoin d’aide, même pour donner le bain à mon enfant. Je n’ai pas de force physique et cette situation fait que je ne peux répondre à ces injonctions sociales qui entourent la définition de ce que doit être une « bonne mère » : le handicap constitue ainsi une porte d’entrée pour repenser les cadres normatifs de la parentalité. »

Âgée de 34 ans, Charlotte Puiseux mène des recherches sur plusieurs thématiques : l’handiparentalité donc, mais aussi le féminisme, les disability studies et la qui permet de repenser la notion de handicap en lien avec l’intersectionnalité et le concept de queer.

Vous pouvez suivre .

Voici un petit texte que j'avais écrit il y a quelques temps sur l'handiparentalité mais qui n'a jamais été publié :

— Puiseux Charlotte (@PuiseuxCharlot1)

Cette liste, déjà longue, pourrait être continuée à l’infini, tant « l’armée pacifique des mères », pour reprendre les mots de Josepha Rafard, est nombreuse. Alors, n’hésitez pas à partager d’autres noms de militantes, collectifs et associations dans les commentaires !

Article sponsorisé par Manon

 

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