est le nouveau roman de , déjà auteur il y a deux ans du remarqué , tout premier titre de la collection « Les Nouveaux Interdits » (Cliquez sur les titres pour lire des extraits gratuits)

En voici le résumé : Paris brûle-t-il ? Peut-être, mais dans ces rues livrées aux émeutes, c’est surtout Samy et Clara qui ont le feu au cul ! Le premier est un ex-étudiant cynique et séduisant, qui hésite entre se révolter et rentrer dans le rang, la seconde est une jeune nihiliste en quête
de sensations extrêmes, prête à tout pour jouir un peu plus fort : ces deux-là étaient fait pour s’entendre et leur rencontre sera explosive ! Exhib et gilets jaunes, vol à la tire et gorges profondes, voitures en flammes et sodomie, laissez-vous tenter par le premier vrai porno politique !

François Fournet n’aime qu’une chose : que ça chauffe. Salons, boulevards, banlieues ou capitale, peu importe pourvu que ça flambe.

— Bonjour François, est votre deuxième roman pornographique, mais aussi votre deuxième roman tout court. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours, jusqu’à l’écriture de ces deux romans ?

Bonjour Christophe. Déjà le deuxième, oui. J’imagine qu’une fois qu’on a un premier pied dans le porno, le deuxième se sent un peu seul. Avant ça, je crois que je faisais à peu près la même chose que maintenant. écrire dans pas mal de revues, genre Violences, Gorezine, Squeeze, Freeing our Bodies, etc. Des revues qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’univers porno et qui m’ont permis d’explorer des genres assez disparates. Ça m’a éloigné d’une pratique littéraire dont je n’arrivais pas à sortir et pratiquais mal, à savoir l’écriture de soi. En tout cas dont le point de départ était invariablement ma personne, mes expériences, que je projetais d’une manière trop rapprochée dans mes textes. Avec les années et beaucoup de lignes, je m’en suis détaché.

Sans ça, je crois que ça aurait été difficile d’écrire , mon premier roman de cul pour la Musardine. Une partie de mon entourage me disait que ça les gênait de lire la vie sexuelle d’un proche, à savoir la mienne. C’est d’ailleurs drôle qu’on pense forcément comme ça. On a cette idée que l’écriture est forcément une projection de soi. C’est vrai, mais seulement en partie et de façon très variable d’un bouquin à un autre. Me concernant, plus j’écris et moins je pense à mon ressenti pour essayer de construire une perspective qui n’est surtout pas la mienne. On va dire que c’est ça, mon parcours.

— De quoi parle L’Incendiaire ?

De l’injonction à devenir adulte. À croire quelque chose d’autre que soi, et de ce quelque chose qui n’est pas bien excitant, en général. Clara et Samy ne veulent pas de ça. Ils sont au début de leur vingtaine, la vie ressemble à Parcours ’Sup et dans la liste de souhaits ils ne trouvent rien qui vaille la peine. Ils disent donc merde à la liste de souhaits.

J’essaie de mettre ça en perspective avec une période post Gilets Jaunes un peu fantasmée. Où le pouvoir et les médias ne savent pas comment répondre à ces millions de gens qui n’ont pas grand-chose à voir entre eux, mais qui se rejoignent sous le signe du ras-le-bol de voir leur valeur niée, en tant qu’êtres humains. C’est-à-dire qu’on s’en fout de fermer les portes de leurs hôpitaux, de surcharger les salles de classe de leurs gamins, de monter le prix de leur carburant, etc. – alors que ce sont les piliers de leurs vies, que ça l’a toujours été, d’un coup (qui prend quelques décennies, quand même) il ne reste plus qu’à aller se faire foutre. Samy et Clara arrivent juste avant ça, quand leur vie peut encore ne reposer que sur eux. Et vu le gâchis, ils se disent que compter sur quoi que ce soit d’autre, ça ne vaudrait pas le coup.

Donc ils vont s’amuser comme ils peuvent. Ils baisent, ensemble ou pas mais beaucoup, tentent tout ce qui peut être tenté, tombent amoureux un peu, pas du tout puis énormément.

— En musique, on dit que le deuxième album est plus difficile que le premier. Est-ce pareil en littérature ?

Je ne sais pas. Plus « difficile » à proprement parler, je ne crois pas. Ça m’a pris plus de temps. J’étais moins fixé sur « yahou, j’écris un bouquin » que sur ce que j’allais mettre dedans. J’ai voulu faire rentrer des questions de sexisme et de racisme, de normes sexuelles, ce genre de choses. On va dire que je l’ai davantage réfléchi, et que ça m’a pris plus de temps. Mais niveau difficulté, pas tant.

— Vous considérez-vous comme un écrivain porno ou un écrivain tout court ?

Écrivain tout court, j’imagine ; dans le sens où ce que j’ai écrit auparavant ne relevait pas de ce genre, auquel je n’ai jamais eu l’idée de me restreindre. Il se trouve que dans les circuits « officiels », mes deux pornos sont ceux qui ont été sortis les premiers puisque ce sont ceux que j’ai pu le mieux aboutir. Peut-être parce que j’étais plus détendu face à ce genre, aussi parce que j’ai été bien guidé et conseillé pour ce qui était de leur écriture. Mais enfin, comme dit plus haut, je n’ai pas envie de me limiter au porno.

— D’où vous vient cet intérêt pour les romans de cul ?

D’abord de l’ouverture qu’il y avait à la Musardine avec la création de la collection « Les Nouveaux Interdits ». Puis après parce qu’en écrire me plaît. Je n’en lis pas spécialement, à vrai dire. Mais imaginer une histoire que le cul porte, je trouve ça agréable. Puis ça permet de dire des choses d’une façon qu’on envisagerait pas autrement.

— Pouvez-vous nous parler de votre quotidien d’auteur ? Écriviez-vous tous les jours ? Avez-vous, par exemple, des rituels d’écriture ? Combien de temps mettez-vous à écrire un livre ?

Généralement, j’essaie d’écrire un maximum. Tous les jours, oui. Mais il y a des fois, ça bloque, ou bien je décide de me concentrer sur la musique, par exemple (deux projets solos et un en duo). Puis d’autres jours où je vais écrire du matin au soir, façon TGV. Niveau rituels non, aucun. Du café et des clopes. De la bière / du pif à la place du café, si je poursuis une fois passées 18 heures.

Pour un bouquin, je ne sais pas. Banlieues Chaudes, c’est allé assez vite. Genre deux ou trois mois, j’imagine. L’incendiaire, c’était plus long mais enfin, il faut dire que j’ai tout changé en cours de route (à la place de faire les « petites modifications » que j’étais censé apporter), puis que j’ai perdu mon ancien ordi (super ordi, tu me manques bébé). Donc rebelote. Donc en tout, disons… Quatre, cinq ou six mois ? Bon, pour un roman que je n’ai jamais réussi à faire publier, j’y suis resté scotché pendant deux ou trois ans. C’est variable, quoi.

— Quels sont vos thèmes préférés en pornographie ? Pour L’Incendiaire, vous êtes-vous imposé des limites ?

Un peu tout, rien de bien précis. J’aime bien les fluides, ça fait vrai. Quand le corps lâche les vannes. Après, je sais pas trop. J’aime bien un thème s’il marche dans l’économie du bouquin. Mes goûts, là-dedans, c’est assez secondaire.

Pour ce qui est des limites, je ne m’en suis pas imposé, plutôt l’inverse. Et c’était pour le mieux : niveau violences j’en mettais un paquet, je voulais écrire là-dessus et ce que ça suggère dans les rapports sexuels. C’était sûrement too much et mal géré. Ça tombe bien, on l’a enlevé.

— Qu’est-ce qu’une scène de cul réussie selon vous ? Quels sont vos méthodes, vos ingrédients secrets, vos « petits trucs » ?

Une scène excitante ou bien qui pose des éléments que la narration « non-sexuelle » n’avait pas encore réussi à poser.

Pour les « trucs », je ne sais pas. Que ce soit à peu près bien écrit, détaillé mais pas non plus chirurgical, écrit correctement.

— Dans un roman érotique, qu’est-ce qui est le plus difficile à écrire ? Les scènes de cul, ou bien les autres scènes ? Pourquoi ?

Les scènes de cul. L’histoire, généralement, je l’ai et j’en suis le fil. Mais pour les scènes de cul, il y a une progression en escalier, de scène en scène. Il faut que ça soit plus intense, que ça ne se répète pas. Et au bout d’un moment, je me sens un peu au bout de mes réserves, niveau inventivité.

— Faites-vous lire vos manuscrits à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de l’envoyer à votre éditeur ?

Non. Autour d’une bière je raconte un peu, genre « et là il/elle décide de tout péter et c’est drôle, hein ? », mais à part ça… En tout cas pour mes deux romans pour la Musardine, je suis solo jusqu’à l’édition.

— Vous signez vos livres de votre vrai nom. Qu’en pense votre entourage ?

Il s’en fout. Si quelque chose doit gêner les un.e.s ou les autres, c’est que moi, j’écrive du porno. Mais que ce soit François Fournet ou Doudou Boulard, c’est égal. Après, si on passe les 10 000 exemplaires et que L’incendiaire se retrouve au cinéma, et donc qu’on commence à les regarder de travers dans la rue, peut-être que leur avis sur la question changera. Mais bon… On en reparlera dans 10 000 exemplaires.

— Quels sont vos futurs projets ?

Je bosse pas mal en musique, en ce moment. Un duo, qui s’appelle Craie, et mon solo, Dezeffe. Donc beaucoup sur ça.

Pour l’écriture, d’autres nouvelles et, j’espère, un court bouquin de SF (ou approchant) que j’aimerais écrire vite. Je crois que c’est ça le projet : écrire quelque chose rapidement, que je ne réfléchisse pas outre-mesure pour ne pas avoir le temps de bloquer dessus, que ça soit impulsif, pour après me relancer dans un gros texte. Bon. C’est déjà pas mal.