La loi sur les violences conjugales vient d’être adoptée incluant l’amendement qui ordonne le blocage industrialisé des sites pornographiques. Particulièrement poussé par Dorcel, qui a choisi de se placer du côté des bourreaux, les premières victimes de cette censure généralisée sont les travailleurs du sexe qui vont se retrouver encore plus précarisés et stigmatisés qu’avant.

Hors sujet

S’il est évident que tout le monde est d’accord que les violences faites aux femmes doivent être combattues, l’introduction de ce texte de loi qui vise à bloquer les contenus pour adultes n’avait rien à faire ici. Le sujet de l’accès à la pornographie aurait dû être réfléchi en accord avec notre époque et en concertation avec les premiers concernés. Si j’avais tenté d’ouvrir le dialogue, ma lettre ouverte est restée sans réponse. Votée à la va-vite, cette amendement va tout simplement mettre en danger de nombreux.euses entrepreneurs.euses qui, justement, militaient pour un porno plus éthique et féministe.

Rien ne pouvait justifier ce blocage dans ce contexte. Le problème de fond a toujours et sera toujours un problème d’éducation. La pornographie ou n’importe quel autre support de divertissement n’a pas d’influence sur les comportements. On avait entendu cette même rengaine avec les jeux vidéo qui étaient censés faire des jeunes têtes blondes des assassins en puissance. Raté, la plupart des études sur le sujet vont toutes dans le même sens et accuser la pornographie d’être au cœur de tous les maux de la société est une erreur. C’est pourtant le message qu’envoie ce texte de loi.

Censure généralisée

Une chose est certaine, le choix de Dorcel de placer de ce côté va, de toute évidence se retourner contre eux. Certes, ils ont une audience fidèle mais ce texte de loi va très probablement inciter la plupart des réseaux sociaux à faire le ménage pour être en conformité. On sait quelles sont les dispositions qui sont prises dans ce genre de cas : l’interdiction. Autant dire que la com’ branchée et cool, c’est terminé. Plus généralement la visibilité des travailleurs du sexe va, de nouveau, être mise à mal.

Donner de tels outils de censure à un Etat est la pire chose qui pouvait arriver à Internet et pourtant, ils l’ont fait. Au delà de la pornographie, c’est la question du pouvoir de cet Etat qui peut, potentiellement, décider ce qui peut être diffusé sur le web ou pas. De nature plutôt pessimiste, dans ce cas, j’ai assez de mal à voir ce que l’on peut retirer de positif à cette acharnement moral contre le porno. Croire qu’éliminer la concurrence gratuite va aider le business français, c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

Tous perdants

Les solutions proposée, comme le France Connect est tellement sur-réaliste et personne ne s’est posé la question de la confidentialité ? Veux-t-on réellement confier son intimité à un Etat ? Personne n’a envie de ça, d’autant plus que l’on sait comment ces données peuvent être utilisées et pourraient, encore une fois, servir à un Etat malintentionné. La montée des extrêmes me fait dire qu’il aurait fallu être plus vigilant sur ce sujet. Des outils qui pourraient, justement, favoriser la haine. En total contradiction avec le but premier de ce texte de loi.

Il ne fait aucun doute que ça n’est pas une solution française qui gagnera. La réponse la plus sérieuse à ce sujet vient de chez MindGeek. C’est amusant de penser qu’en voulant éradiquer cette concurrence, on va leur donner encore plus de data. Le fait est que ma génération et les suivantes feront plus facilement (probablement à tord) confiance à cette société qu’à n’importe quelle autre. Une chose est certaine, si on doit sortir sa carte bancaire, ça se fera sur les plateformes les plus attirantes et on sait desquelles il s’agit. Et non, elles ne sont pas françaises.

La sexualité

Dans le brouillon qu’est cet amendement, il n’est indiqué nulle part la nuance entre ce qui peut être défini comme pornographique, éducatif ou informatif. Le manquement de l’Etat sur cette question a généré tout un bouillon créatif sur le web autour des sexualités et les genres. On ne pourra donc plus apprendre. Pourtant c’est le point central de ce sujet de société. Sans éducation, les mentalités n’évolueront pas. Car la sexualité s’apprend et elle doit être montrée.

Encore et toujours, la sexualité est montrée du doigt et les premières victimes collatérales de cette censure seront justement ceux qui œuvrent pour mettre en avant la tolérance, l’ouverture d’esprit et plus généralement le respect. Des choses qui allaient dans le bon sens. Muselées, toutes ces idées autour du sexe positif ne seront plus entendues. C’est triste et contre-productif.

Le cul entre deux chaises

Le cas BuzzPorn! est particulier et c’est également vrai pour de nombreux blogs qui traitent des sujets de la pornographie et des sexualités. Il est impensable de devoir décliner son identité ou de sortir sa carte bancaire pour s’informer. Je pense aussi au Tag Parfait qui est un peu dans la même situation. S’ils ont probablement plus de chances que moi de survivre à ce blocage. Il reste relativement complexe d’imaginer parler de porno sans le montrer. Une chose est certaine, nous devront subir cette censure et il est peu probable que l’on puisse sereinement penser à l’avenir.

Pour ma part, cela va bouleverser beaucoup de choses dans ma vie personnelle. Je suis tellement en colère de n’avoir pas su porter la voix de millers de travailleurs du sexe qui vont se retrouver dans la galère du jour au lendemain. Cet amendment a quelque chose d’inhumain. On oublie souvent que derrière tous ces sites ou ces vidéos que l’on consulte, il y a des personnes, avec des émotions et des vies. En colère qu’on ait laissé s’installer une fausse morale sans rien dire.

Je ne vais pas vous mentir, aujourd’hui, je ne sais pas comment ce magazine pourrait survivre lorsque le blocage sera effectif. Peut être que cette loi devait servir à ça : nous faire taire.

Toutes mes pensées vont à tous ces travailleurs.euses qui ont fait un job incroyable durant toutes ces années. Aujourd’hui, j’ai peur. Peur que nous soyons tous invisibilisés. Nous n’avions pas besoin de ça.

Article sponsorisé par Laetitia

 

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