La marque de protections pour règles Nana a sorti une nouvelle publicité au nom explicite et revendicatif, “Viva la Vulva”, qui s’inscrit parfaitement dans la lignée actuelle des discours de

La marque de protections pour règles Nana a sorti une nouvelle publicité au nom explicite et revendicatif, “Viva la Vulva”, qui s’inscrit parfaitement dans la lignée actuelle des discours de libération du corps des femmes. Nana a pris le parti de montrer de manière allégorique mais explicite des vulves et une serviette avec une représentation du sang de couleur rouge (la couleur normale des règles n’est-ce pas ?). Cette publicité qui parle (enfin) à la réalité des règles pour toutes les générations de filles et femmes choque des téléspectateurs-trices qui ont décidé par milliers de signer une pétition pour la retirer. Le comble !

Cachez moi ce sang que je ne saurais voir

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a indiqué avoir reçu plus de 1000 demandes de retrait de la publicité jugée “choquante”.

Après des décennies à nous demander pourquoi on nous montrait du liquide bleu bizarre sur les serviettes hygiéniques, finalement on comprend parfaitement pourquoi : la réalité choque un ensemble d’hypocrites de notre société et le tabou des règles est encore bien présent. On a tendance à penser avant tout que la publicité influence les mœurs, mais comme toute action à visée capitaliste, il ne faut pas oublier qu’elle est là avant tout pour plaire aux gens. Le fait de montrer une couleur absurde était sûrement une réponse à l’inconscient puritain des populations. Il faut savoir par ailleurs que la pub est interdite de diffusion sur Facebook, Instagram et Twitter !

Nana via cette courte publicité de 30 secondes essaie de briser le tabou des règles et valorise les vulves, donc le sexe féminin. Supprimer le tabou des règles est un sujet essentiel pour améliorer l’émancipation des femmes ainsi qu’une meilleure santé sexuelle féminine. En effet, sur le continent africain, 1 fille sur 10 manque encore l’école à cause de ses règles et dans plusieurs pays, comme le Népal, certaines se retrouvent même à devoir arrêter l’école, comme le rappelait Care France dans sa campagne Respectez nos règles. En France également, la gêne à propos des règles est encore présent et ce n’est pas en masquant la réalité via du liquide bleu glauque à la télé que cela va améliorer la situation. Pourquoi avoir si peur de voir une image plus réaliste d’un phénomène naturel et sain pour la santé des femmes ?


Extrait de la pub “Viva la Vulva” avec du sang ROUGE ! (Enfin !)

Qui s’offusque à ce point de voir des scènes de tueries ensanglantées dans des films américains ou dans des séries Netflix, alors qu’il s’agit régulièrement d’homicides, de sang coulé qui n’a rien de positif et pourrait être clairement évité ? La tuerie n’a rien de traumatisant, mais le faux sang rouge associé aux règles est d’une vulgarité inadmissible. On parle ici d’une preuve de bon fonctionnement du corps humain et de santé sexuelle et reproductive pourtant. Les règles, c’est un sujet d’éducation sexuelle et de santé sexuelle essentiel qui ne devrait pas être considéré comme une honte.

Pétition contre la pub Nana : preuve de notre gêne face à la sexualité

Il est toujours étonnant de voir que notre société continue de voir la grossesse et la maternité comme des valeurs importantes à respecter, qui impliquent mêmes des pressions sur les femmes qui ne désirent pas d’enfants ou qui n’en ont pas encore eu, mais reste gênée à l’idée même d’expliciter ce qui est à la source même de la possibilité d’enfanter ou pas. Il n’est pas rare que de jeunes femmes témoignent de leur incompréhension et de leur effroi face à leurs premières règles, car le tabou des règles pèse sur elles. Ce n’est pas un sujet qui est abordé au sein des familles ou de l’enseignement avec une sérénité totale, qui permette d’appréhender ce moment avec tranquillité. Pourquoi est-ce si compliqué d’expliquer le fonctionnement des règles et leur utilité procréative ? Un rappel d’ailleurs que Nana n’oublie pas, en commençant la pub avec une métaphore évidente de la naissance : une vulve dans l’obscurité, suivie de la tête d’un bébé qui gémit, que la femme balance comme s’il sortait de son vagin. Subtil et intelligent.

On ne peut s’empêcher de voir dans ces réclamations, une gêne des adultes face à leur propre sexualité et à leur propre corps, au delà même de l’inconscient collectif d’impureté ou de saleté associé aux règles depuis si longtemps dans l’histoire de l’humanité. Un embarras qui devient donc double violence quand Nana décide en plus de montrer des représentations de vulves aux lèvres qui bougent au sein de sa publicité. Quand on sait que le clitoris est visible dans un livre d’éducation SVT depuis seulement 2007 et que plus de 6 femmes sur 10 ne savent pas où est leur vulve selon un sondage de 2018 réalisé pour Nana par Essity Intimate Care Survey 1https://sante.journaldesfemmes.fr/sexo-gyneco/2570071-vulve-petites-levres-complexe-femme/, on se dit qu’il serait quand même temps d’arrêter de penser que connaître le corps féminin (et donc le corps humain) est une insulte à la bienséance.


Capture de la pub “Viva la Vulva”

La vulve est un lieu de plaisir mais il ne faut pas la réduire à cela. C’est aussi un lieu au cœur de la santé des personnes nées de sexe féminin, un lieu qui fait partie de la fonction reproductive du corps, un lieu qui est un élément important à part entière du corps humain et dont il faut arrêter de culpabiliser toute personne qui en possède une. L’éducation et la santé sexuelle sont des questions de santé publique qui doivent être traités et si une publicité comme celle de Nana permet d’apporter une pierre à l’édifice, alors on dit oui et Viva la Vulva !