Scarlett et DK ont choisi Instagram pour diffuser leur bande dessinée “Sara et Lili”. Nous y découvrons les aventures au quotidien des deux personnages éponymes, parisiennes, lesbiennes et amoureuses. L’univers

Scarlett et DK ont choisi Instagram pour diffuser leur bande dessinée “Sara et Lili”. Nous y découvrons les aventures au quotidien des deux personnages éponymes, parisiennes, lesbiennes et amoureuses. L’univers est bleuté et le ton humoristique, c’est un petit vent de fraîcheur, qui souhaite faire tomber quelques clichés sur l’amour lesbien. Les créateurs Scarlett et DK se sont prêtés au jeu de l’interview pour Desculottées.

Qui se cache derrière “Sara et Lili” ?

Scarlett : Dk est un des plus vieux amis que j’ai. Il est hétérosexuel (en principe), mais je voulais faire le projet avec lui parce que c’est un dessinateur hors pair et que j’aime sa posture face à ce que je lui apporte. Il sait qu’il ne sait pas et ne comprend pas toutes les subtilités. Mais d’un autre côté, on est des être humains et il s’identifie aux personnages sur un plan plus large. Et il les aime tendrement.


Autoportrait de Scarlett et DK

Dk : J’ai fait la rencontre de Scarlett il y a des siècles, en fac d’arts plastiques, à Paris, et j’ai accroché au personnage pour sa démarche artistique complètement ironique et moderne et pour son intellect, fin, subtil et ouvert. Un jour, elle m’a parlé de son projet de BD : parler de sa bisexualité, ses aventures d’un soir, sa vie de couple, les observations sur le comportement des gens dans une grande ville comme Paris, etc.

Comment est née votre rencontre avec l’écriture de scénarii et le monde du dessin ?

Scarlett : J’ai connu mon premier choc artistique avec la BD. J’avais un oncle féru de BD qui s’est énormément occupé de moi petite. Quand j’allais chez lui, c’était la succursale d’une boutique de BD. Après, toute mon enfance, c’était les mercredis à la bibliothèque, rayon BD. On finissait par m’y demander ce que je voulais qu’ils commandent pour les rentrées suivantes.

Dk : Il y a toujours eu du dessin et de la BD autour de moi. J’ai appris à dessiner par ‘Morris vous apprend à dessiner Lucky Luke’. Puis, Hergé, Akira Toriyama, et le choc Marvel, puis DC où j’ai redécouvert des personnages que je connaissais déjà subconsciemment. Depuis, les super-héros sont devenus les meilleurs amis qui ne me quittent jamais. Dessiner, c’est la seule activité humaine qui ait du sens pour moi.

“Sara et Lili” présente le quotidien d’un couple de parisiennes. Quels sont les messages que vous souhaitez passer à travers cette BD ?

Scarlett : C’est un mélange entre ce que cela implique pour deux personnes de vivre ensemble et s’aimer, et les préjugés que connaissent tout particulièrement les LGBT. J’espère que tout le monde s’y retrouvera et que par moment, certaines histoires permettront aux non-LGBT de mieux nous comprendre.


Extrait de la BD “Sara et Lili”

Dk : En ce qui concerne le message, c’est Scarlett qui s’en occupe. C’est elle le capitaine, Sara et Lili, et tous leurs personnages secondaires sont ses bébés. Moi, j’apprends juste à faire leur connaissance et à leur insuffler de la vie et de la personnalité graphique. Et, en ce qui concerne LE message, je crois qu’il n’y en a fondamentalement aucun autre que l’amour. Hommes, femmes, homo, hétéro, bi, vanilla, bdsm, asexuel, demisexuel, polyamoureux

Si on pouvait tous s’aimer juste assez pour se foutre la paix et se laisser aimer qui on veut aimer et qui veut nous aimer, bah on serait quand même tous plus à l’aise, non ?

4. Où puisez-vous votre inspiration ?

Scarlett : Mon vécu. Mon vécu. Des filles que j’ai connues, moi. Et maintenant celui de personnes qui viennent me parler.

Dk : Watterson, les comic strips américains, le comics, Olivier Coipel, le manga… beaucoup de choses conscientes et inconscientes.


Sara et Lili accompagnées d’autres personnages de la BD

Pourquoi avoir choisi Instagram comme terrain d’expression ?

Scarlett : C’est le meilleur moyen de se rapprocher de ses lecteurs. De savoir ce qu’ils ressentent, ce qui les fait rire, où ils s’identifient. On ouvre des conversations. Ça m’inspire plus encore.

Dk : Scarlett est déjà très active sur Insta. De mon côté, je découvre, j’apprivoise, et ça semble évident en fait. Contemporain. Et interactif. On produit, on poste, on échange. Le feedback est quasi immédiat, et les gens sont friands de ce type de “pastilles”.

Pour vous, qu’est-ce qui est le plus dur et le plus beau dans le fait de scénariser une BD ?

Scarlett : Le plus dur, c’est d’oser. Oser dire des choses avec mon propre ton. Rester honnête. Je veux que Sara et Lili soient fragiles, bêtes et géniales. Humaines ! Pas des caricatures bien pensantes version LGBT. C’est comme ça qu’elles sont humaines et que c’est beau.

Dk : Oui. Tout comme Scarlett. La justesse, c’est le plus beau et le plus difficile.


Extrait de la BD “Sara et Lili”

Une anecdote à raconter sur votre profession ?

Scarlett : Écrire et adorer ça, ça rend fou, on vit les choses et en même temps on les imagine en scénario. Les vacances pour moi, ce n’est pas partir quelque part, c’est quand je me laisse vivre sans essayer de me souvenir.

Dk : Un propriétaire de salles de musculation américain désirait fidéliser et attirer une clientèle plus féminine. Il m’a demandé de réaliser des illustrations de “personnages dinosaures sporty féminins faisant des exercices de musculation”. Et j’étais là, avec mes références d’instagrammeuses sportives, de bouquins d’histoires naturelles préhistoriques et des Hentaï de dinosaures douteux, à dessiner des petites “dinosaurettes” un peu sexy et mignonnes qui faisaient du sport. J’adore ! On ne sort pas beaucoup, c’est très solitaire, très méditatif, mais on peut bosser sur n’importe quoi. C’est génial de dessiner !

Si votre sexualité était une oeuvre d’art, comment la nommeriez-vous ?

Scarlett : Ce serait un spectacle de salsa queer improvisé avec changement de partenaires. Je l’appellerais “Rainbows”.

Dk : Un film. Dirty Dancing rencontre Pulp Fiction rencontre L’incroyable destin de Harold Crick ?

Des projets à venir ?

Scarlett : J’aimerais bien scénariser la vie amoureuse de Darius (DK) ! C’est un hypersensible, hyper rêveur et je suis sûre que cela pourrait faire une belle oeuvre graphique avec des explorations scénaristiques et visuelles. Pour le moment c’est “Sara et Lili” mon but, je veux qu’elles prennent de l’épaisseur, qu’elles s’engueulent, qu’elles fondent une famille, qu’elles grandissent ensemble et avec nous.


Extrait de la BD “Sara et Lili”

Dk : Des projets, il y en a toujours des tonnes ! Mais le dessin, ça prend énormément de temps. Alors, pour l’instant, j’ai toujours mon projet bébé de faire de moi un super héros catapulté dans un futur meilleur, DKaotic, Agent of K.A.O.S..
J’ai commencé une BD expérimentale sur insta @comedeeklub, où je fais un spectacle de stand up, mon ‘one-drawn-show’ si voulez.
Et puis continuer à jongler avec pleins de projets, percer chez DC, Marvel, faire vivre Sara et Lili, les voir évoluer en parallèle de nos vies etc… Et mourir, en laissant derrière des personnages bien vivants.

Retrouvez la BD Sara et Lili sur leur page Instagram !

Nietzsche et Mme Bovary sont mes parents, Don Juan est mon premier amour. C'était mal barré. Les chiennes ne font pas les chattes.