Oeuvre d'Antoine Bernhart, exposée à la galerie Arts Factory, 2019.

S'inspirant des jeux interdits de l'enfance, le peintre Antoine Bernhart expose ses "forêts obscures" à la galerie Arts Factory, à Paris, en

Oeuvre d'Antoine Bernhart, exposée à la galerie Arts Factory, 2019.

S'inspirant des jeux interdits de l'enfance, le peintre Antoine Bernhart expose ses "forêts obscures" à la galerie Arts Factory, à Paris, en vis-à-vis des oeuvres de Saeki Toshio, grand-maître japonais de l'ero-guro. Fantômes, sexe et nostalgie.

En prise directe avec ce qu’il nomme son «inconscient», le strasbourgeois Antoine Bernhart fait des fantasmes les plus cruels de médusantes saynettes peuplées de personnages tour à tour éviscérés, sciés, empalés, amputés, écorchés, tenaillés ou brulés sous le regard ricanant de bourreaux-marionnettes. Dans cet univers inspiré des contes d’Hoffmann –aussi bien ceux d’Ernst Theodor Amadeus (L’homme au sable) que ceux de Heinrich (der Strwwelpeter)–, l’humain se fait polichinelle et le monde se réduit aux dimensions d’un petit théâtre, plein de cris et d’horreur. Entretien.

Les humains sont-ils, pour vous, des pantins sexuels ?

Pourquoi pas ? On peut être ce qu’on veut et faire ce qu’on veut des personnages sur une feuille de papier. Mes images sont «automatiques» dans le sens qu’elles surgissent à l’improviste, je les attrape au vol, je les consigne dans un carnet et les réalise quand la fantaisie m’y pousse. Je ne me pose pas de questions sur le rôle et la situation des personnages mais je prends plaisir à les mettre en scène. La jouissance est d’autant plus vive quand ces images, venant de l’inconscient me permettent de dépecer la chair, briser les os et suspendre les corps mutilés et dénudés. L’aspect de pantins sexuels est alors manifeste. Et c’est toujours mon enfance et mon adolescence qui sont la source de cette cruauté et de cette violence.

Votre travail est-il une réflexion sur la liberté ?

Ce n’est pas un travail. Quand on posait la question du travail de son instrument à un ami jazzman, il répondait invariablement : «Je ne travaille pas, Monsieur, je joue». C’est la même chose pour mes dessins. Et comme l’apparition de mes images n’est pas réfléchie, mais soudaine, imprévisible (l’inconscient est mon moteur), la réflexion sur la liberté est inappropriée elle est absente dans mon cheminement.

Dans vos tableaux, les personnages sont enfermés. Pourquoi ?

C’est une impression probablement dûe au cadrage très serré de mes dessins. Ce n’est pas volontaire. Cela arrive par la force des choses. Est-ce à mettre en lien avec une petite scène de théâtre, un castelet de marionnettes ou un cachot ? Je n’en sais rien. Les lieux clos prédisposent-ils davantage aux jeux érotiques ? Sans doute.

L’enfermement, c’est un thème que vous aimez dans les contes d’enfant ?

Un parmi tant d’autres. Les cages peuvent protéger du dehors mais elles sont aussi le garde-manger de l’Ogre et de la sorcière dans Hänsel et Gretel. Le château sadien enferme et pourtant c’est le lieu d’une liberté extrême. Le ligotage enferme et paradoxalement, il met la personne attachée dans une situation de totale liberté car tout ce qui peut lui arriver désormais ne dépend plus de sa volonté, elle s’abandonne, elle peut se lâcher complètement et c’est l’ivresse.

Aimez-vous les «cages» thoraciques ?

Si on entend par là toutes sortes de prothèses, orthèses et autre éléments mécaniques de constriction je répondrai par l’affirmative. Ce sont des instruments fascinants qui peuvent faire bouger le corps ou l’entraver de manière surprenante. Ils font penser à des poupées mécaniques ce qui nous ramène à la «love doll» de Hoffmann, Olympia.

Avec quelles peurs jouez-vous ?

Il ne s’agit pas de peur pour moi mais de cette excitation haletante qu’entraîne une poursuite ou que provoque la chasse quand on est soit le chasseur, soit la proie. J’ai du mal à croire que mes dessins peuvent éveiller la peur. En dehors du plaisir de dessiner et de mettre en scène mes petites histoires, il n’y a pas de but car mes images arrivent sans l’aide de la volonté, sans filtres et sans balises. Je n’ai jamais eu l’angoisse de la feuille blanche car l’inconscient m’a toujours fourni la came.

La sexualité, pour vous, c’est...?

Je n’aime pas répondre à cette question car ce serait forcément réducteur, or le champ est tellement vaste... Si en fabriquant mes images je retrouve l’intensité du plaisir des jeux érotiques de mon enfance, je suis comblé. J’ai toujours eu la chance d’être entouré de petites filles délurées et ceci dès mon plus jeune âge. Tout en ignorant le coït, nos jeux étaient d’une intensité, obscénité et inventivité rares. Ce n’était pas des «préliminaires» ! La cruauté faisait partie du jeu. Par le truchement de mes dessins je retrouve ces émotions bouleversantes et intoxicantes. C’est mon petit monde enchanté !

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A VOIR : Jusqu’au 20 avril 2019 : exposition de Saeki Toshio : «Red box»
 et d’Antoine Bernhart : «Dark woods», à la galerie Arts Factory. Adresse : 27 rue de Charonne, 75011 Paris. Métro : Ledru-rollin ou Bastille. Horaires : du lundi au samedi, de 12h30 à 19h30. Téléphone : +33(0)6 22 85 35 86.

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«L’Ogre était le Petit Poucet», d’Antoine Bernhart, éditions E². Livre A4, 20 pages, pierres noires, impression numérique couleur, 200 exemplaires, mars 2019.

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«Radio Satan», d’Antoine Bernhart, éditions Le Dernier Cri, livret 15-21cm, 68 pages bikro, ofset, 666 exemplaires, mars 2019.